27 Juillet 2018
Quand j'étais enfant, je chantonnais une chanson dont j'ignore la provenance et qui disait :
"C'est la demoiselle marchant sur le ruisseau,
qui t'a rendu bien malade,
Elle t'a pris ton coeur, elle t'a pris ton âme,
Et ne les rendra pas..."
Dans le jardin de la Colombière, il y a un petit bassin, oh pas bien grand, juste ce qu'il faut pour héberger une douzaine de poissons rouges, une ou deux grenouilles, et parfois quelques libellules.
Il sert également à étancher la soif de tous les chats du quartier, ainsi que les oiseaux (pas aux mêmes heures que les précédents, je vous rassure !) et même les hérissons.
Alors du coup, le bassin, il a une drôle d'allure, pas vraiment académique.
Déjà, à la base, c'est un abreuvoir pour vaches ! Bleu piscine comme il se doit (peut être que les vaches, elles refusent de boire si leur eau n'est pas bleu piscine ??? Je sais pas trop...), rond et assez haut, près de un mètre, il nous servait de piscine quand les enfants étaient tout petits... lorsque nous avons acheté une autre piscine nettement plus dimensionnée et surtout, adaptée à la taille des enfants en question (!), je me suis retrouvée bien encombrée avec ...
ce truc...
Et c'est là que j'ai eu l'idée de (re)installer un bassin : à l'origine, lorsque mon mari a acheté la maison, il y en avait un, de bassin. Mais mon mari est un grand émotif : son fils de deux ans ayant eu l'idée de jouer à cache cache lorsqu'il visitait la maison, il s'est imaginé le temps d'un millième de quart de seconde, et allez donc savoir pourquoi, que son gamin avait fini la tête la première dans le bassin en question... donc ni une ni deux, à peine les cartons déballés, que déjà, il rebouchait vivement le trou avant que son cauchemar ne devienne réalité...
J'ai bien sûr crié au scandale !
Dans mon ancienne demeure, j'avais moi aussi un bassin et pas un petit. Et j'avais moi aussi des enfants, dont un fils agité et malicieux, et ce n'est pas pour autant que j'ai cédé à la panique, non. J'ai fait preuve de créativité, j'ai récupéré des panneaux rigides de palissade de jardin, et j'ai recouvert mon bassin avec : le vert foncé des panneaux ne se détectait pratiquement pas sur l'eau sombre du bassin, et ils étaient suffisamment rigides pour que même un adulte puisse se déplacer sans risque dessus. Et voilà !
Comme je dis toujours : quand on veut, on peut ! Et si on veut noyer son chien, on dit aussi qu'il a la rage... CQFD.
Du coup, moi, têtue et bornée, et avec des gamins suffisamment grands pour avoir obtenu leur "savoir nager" (vous comprendrez quand vous aurez des enfants en âge d'aller à la piscine avec leur classe...), j'ai décidé que j'en aurai un ici aussi, de bassin. Il n'avait donc pas besoin de protection, ai-je pensé, puisque les enfants sont grands et ne risquent pas de se noyer.
Et bien, que nenni !
Jolan a trouvé moyen de tomber dedans, certes... il en est ressorti bien mouillé, même trempé, un brin vexé, mais pas noyé...
Non, bien plus grave à mes yeux, un matin, ce que j'ai trouvé ne m'a pas plus du tout et m'a même mortifiée au plus haut point parce que j'avais fait une ENORME erreur en sous estimant le danger potentiel de noyade : un matin d'été particulièrement chaud, j'ai trouvé le corps sans vie d'un pauvre hérisson, qui avait voulu probablement boire et qui était tombé dans l'eau, sans pouvoir en ressortir, et qui, épuisé, avait fini par se noyer.
J'étais pas fière de moi...
Pour y remédier, au diable l'esthétique ! Rien à faire que le machin ne soit pas beau, j'ai mis un morceau entier de grillage à poule, le long d'un bord, bien fixé, et plongé dans l'eau, comme une espèce de bouée où pouvait s'accrocher la plupart des petits animaux qui seraient à nouveau tomber dans l'eau.
Au fil du temps, le bassin s'est installé, la vie y est même apparue, lorsqu'on a introduit des poissons rouges, puis des grenouilles sont venues y séjourner, le temps de pondre, puis des libellules, et ce matin, même...
Une belle demoiselle a fait son apparition...
Nous n'en avions jamais vu de semblable et au départ, j'ai pensé que c'était une libellule, tout simplement, mais quelques recherches sur le net plus tard, et voilà, nous apprenions que cette splendeur était en réalité un calopteryx splendens et que c'est sa taille légèrement plus petite et plus fine qui le distingue des autres libellules.
Quant à la couleur, je vous laisse admirer vous aussi ?
J'apprenais aussi au passage que ce bel insecte était plutôt répandu en Europe, même si personnellement, je n'en avais encore jamais vu dans mon jardin, mais qu'il était tout de même menacé par la pollution de son habitat. On sait à qui la faute...
Alors ça me fait dire que je fais bien de ne pas mettre le moindre pesticide, engrais, ou autre insecticide dans mon jardin, et que je sais aussi pourquoi je continuerai de pester contre les pucerons qui envahissent mes roses, tout en sauvant les coccinelles en perdition pour les y déposer, et que je refuserai encore et encore de mettre de l'anti limaces dans mes salades : pour que tout ce petit peuple continue d'affluer dans mon jardin, et rien que dans le mien !
Ah, ça me fait penser à un autre truc du coup : si vous avez un bassin, soyez gentil, sécurisez le vous aussi pour que personne ne puisse s'y noyer, et si vous n'en avez pas, soyez encore plus prévenant pour nos amis les animaux qui ont eux aussi besoin d'eau en cette période de canicule. Alors, un plat bas ou un bol peu profond rempli d'eau dans un coin du jardin, et vous ferez des heureux... bien sûr, vous attirerez aussi des insectes moins sympa, du genre les guêpes, mais d'un autre côté, elles aussi, elles ont le droit de boire...
Non ?
(ok, je parle pas du frelon asiatique, hein, lui il est moche-pas-bô et super dangereux !)
Chez nous, nous avons également rajouté une fontaine sur la terrasse, et une gamelle près du point d'eau, comme ça, pas de pénurie ! Pour la plus grande joie de tous nos visiteurs... qu'ils soient à plumes, à poils, à piquants ou à ailes !
Amicalement,
Isa
PS : j'ai fini par retrouver d'où venait cette chanson ! Il s'agit d'un titre de Angelo Branduardi, sorti au début des années 80 (ça nous rajeunit pas !) et dont j'aimais tout particulièrement les passages de violon...
C'est la demoiselle
Marchant sur le ruisseau
Qui t´a rendu bien malade
Elle t´a pris ton ombre
Ton rire, ta joie
Et ne reviendra pas
Dans le grand silence
Des souvenirs perdus
Tu trembles et tu t´agites
Tu veux ton enfance
Ton ombre, ta voix
Elles ne reviendront pas
C'est la demoiselle
Marchant sur le ruisseau
Qui t´a rendu bien malade
Elle t´a pris ton ombre
Ton rire, ta joie
Mais qui te les rendra?
Nouveau rajout le 31/07/2018 : depuis, c'est une autre étrange petite bébète qui a fait son apparition dans le jardin surchauffé ! J'avoue que je n'en avais jamais vu dans mon jardin, et que je n'ai pas souvenir d'en avoir croisé chez nous au cours de ma prime jeunesse... mais bon, apparemment ce n'est pas si surprenant que cela dans la région, même si ça intrigue la plupart des gens quand même... le réchauffement climatique peut être ?
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