LA COLOMBIERE

Nous sommes le 6 mai et d'après mon agenda, c'est la journée mondiale du coloriage !

Alors, en toute honnêteté, je ne sais pas d'où proviennent les sources de la créatrice, mais on s'en fout.

J'aime le coloriage.

Voilà, c'est dit, c'est avoué, encore un truc zarbi qui fait ma bizarrerie.

Lorsque j'étais petite, je passais ma vie à tracer des trucs sur du papier, à gribouiller, à dessiner et à colorier. La peinture, c'est venu plus tard. Probablement un problème de matériel.

D'ailleurs, même pour colorier, c'était parfois compliqué : je n'avais jamais assez de feutres et mes crayons de couleur finissaient la plupart du temps sans mine, faute de taille crayons ! Alors maman les taillait à l'opinel dans l'évier de la cuisine, et ça repartait pour un tour.

Depuis que mes enfants sont petits, j'ai toujours veillé à ce qu'ils aient tout ce qu'il fallait pour "créer et s'exprimer". C'est comme ça que, au bout du compte, on se retrouve avec des boîtes entières pleines de crayons et de feutre dans la maison, mais qu'importe ! Je ne saurais tolérer que mes enfants puissent se retrouver en manque de moyens pour exprimer totalement leurs pulsions artistiques !

J'ai eu de la chance : contrairement à d'autres parents moins chanceux, mes enfants ont rarement cherché à s'exprimer sur les murs. A part ma fille peut être... Oui, à part ma fille (le mur de l'escalier en porte encore quelques traces, ainsi que son bureau...). Par contre, je dois bien être responsable de la disparition de deux ou trois arbres, vu la quantité de papier qu'ils ont utilisé au cours de leur enfance et utilisent encore.

La tablette numérique nous a sauvé la mise quelques temps ! Surtout pour ma fille. Et oui, encore elle. Je pense qu'elle a hérité en ligne directe des gènes artistiques de sa mère... Et mon mari avait pris l'habitude de régulièrement vidé la mémoire de la dite tablette, pour faire de la place aux nouvelles créations de la pépette...

L'autre jour, elle a même trouvé moyen de gribouiller de jolis graffitis sur un morceau de bois trouvé au jardin avec un morceau de charbon ! Son imagination n'a pas de limites et ça, j'en suis très fière.

Le coloriage, des vertus anti-stress

Ce qui pourrait sembler être un phénomène de mode est avant tout une activité de création artistique et comme toute activité de ce type, elle a de nombreuses qualités, à commencer par celle de faire diminuer le stress et l'anxiété.

Colorier permettrait la réduction de la concentration sanguine de cortisol, qui est l'hormone du stress et améliorerait au passage nos humeurs.

Le coloriage touche toutes les tranches d'âges et toutes les couches de la société, même si les femmes semblent être plus concernées par le phénomène. Peut être parce que les femmes sont plus enclines à reconnaître qu'elles puissent avoir besoin d'un moment rien qu'à elles, pour retrouver la sérénité et le calme que l'on a tendance à vite perdre dans notre société actuelle.

Une manière de joindre le goût de l'artistique et la nécessité de "suspendre son dialogue intérieur", de faire taire quelques instants cette petite voix du dedans qui passe son temps à nous maintenir en éveil, dans la réflexion ou l'action, et qui parfois même, nous mitraille de questions ou de reproches, ce qui nous empêche de nous détendre et nous maintient dans un état de stress permanent.

Le coloriage, pour faire face

Colorier mènerait à un état proche de la méditation. La méditation, c'est "porter son attention sur un point précis", et colorier, c'est la même chose, surtout lorsqu'on s'attaque à des motifs géométriques et complexes qui forcent l'attention à se focaliser dessus.

Mieux encore, le coloriage augmenterait la présence d'ondes cérébrales dites "alpha", qui sont caractéristiques d'un état de relaxation profonde.

Rien à voir avec un état spirituel ou religieux, comme on pourrait le supposer lorsque les coloriages sont des mandalas d'origine hindouiste, un autre phénomène de mode que l'on a vu s'imposer sur le marché du coloriage ces dernières années, mais qui, de part leurs mouvements circulaires, sont comme une espèce de dialogue entre le "moi intérieur" et le "monde extérieur", comme pour réconcilier les deux et leur permettre de vivre ensemble, en meilleure harmonie.

Le coloriage apaise et permet d'occulter les bruits environnementaux, qui sont souvent une énorme source de stress (je suis bien placée pour le dire), on ne fait plus attention à ce qu'il se passe autour, on est plus zen et décontracté, peut être même presque philosophe.

Pour certaines personnes en prise avec des problèmes de concentration voire hyperactives, le coloriage permet de s'occuper les mains pour pouvoir se concentrer sur autre chose d'important (un film, un cours, une discussion...).

Enfin le coloriage permettrait aux personnes malades de prendre de la distance avec la douleur et la souffrance, d'occuper l'esprit en attendant que le corps se calme.

Alors au final, toutes les raisons de colorier sont forcément les bonnes, vu toutes les bonnes choses que le coloriage peut apporter dans sa vie.

Le coloriage, (presque) comme le chocolat

Colorier ou dessiner active le circuit cérébral du plaisir (comme le chocolat, je vous le dis !) et renforce la confiance en ses capacités créatrices, en plus d'être apaisant en cas de stress ou de mauvaise humeur.

Le coloriage permettrait également d'introduire de la poésie et de la fantaisie dans notre monde et nos vies stéréotypées. Sans oublier le besoin d'imaginaire et de créativité artistique.

Remplir des motifs noirs et blancs de couleurs imaginaires sans se prendre la tête et sans avoir à réfléchir durant des heures serait une bonne manière de se relaxer en profondeur, en se laissant gagner par un état limite hypnotique et rassurant.

L'adulte hyper responsable et surchargé de décisions à prendre se laisserait gagner par un état légèrement infantile, durant quelques instants, et cet état régressif, cette espèce de parenthèse récréative, lui permettrait de mieux faire face à la vie.

S'offrir un moment de détente en se laissant aller à colorier, c'est prendre rendez vous avec soi même pour se déconnecter de la réalité, trop pesante.

Un vrai plaisir solitaire en somme !

Pour une bonne santé mentale

De là à penser que le coloriage, de part ses nombreuses vertus, ferait partie de ces thérapies dites du bien être, il n'y a qu'un pas. Qu'il n'est finalement pas très dangereux de franchir : c'est vrai, quoi, au pire, vous risquez quoi ? D'avoir dépensé quelques euros pour un paquet de feutres et un joli carnet de dessin ? Pas de quoi fouetter un chat. Et si vous n'adhérez pas au coloriage, qu'importe, vous trouverez toujours quelqu'un dans votre entourage à qui offrir le kit en question.

Les thérapies du bien être sous entendent que, être en bonne santé, ce n'est pas seulement "ne pas être malade", c'est également trouver un certain degré de bien être, propre à chacun bien sûr, mais qui demeure une constante humaine. Certains individus ont plus de mal que d'autres à lâcher prise et à trouver ce qui les rend "bien".

J'en fais partie. Difficile pour moi de prendre du recul et de ne pas culpabiliser dès que je me "pose deux minutes" parce que j'ai "autre chose à faire" ou bien parce que je suis alors "une feignasse"... Le coloriage m'aide un peu. Mais je ne me pose jamais tout à fait complètement pour "colorier", j'ai choisi la version "facile" et je me suis installée une application sur mon téléphone pour me permettre de faire un ou deux coloriages par jour. Ce qui est toujours mieux que rien.

Et pour activer la partie "récompense" de son cerveau

Produire une jolie oeuvre colorée redonne le moral, on est alors fier de sa création et c'est par le biais de la créativité que l'on active une partie de son cerveau dite de la "récompense". Du coup, on se sent mieux, on se revalorise et on repart du bon pied.

Chez les personnes dépressives, c'est le but à atteindre, car bien souvent, même si les médicaments aident un peu au départ à booster la personne malade et à lui permettre de reprendre un peu pied, ça ne dure pas.

Parce que, comprendre une bonne fois pour toutes les mécanismes de sa dépression et prendre conscience que, oui, c'est officiel, on est dépressif, ça n'aide pas à sortir du mécanisme, ni à changer, ni à reprendre le contrôle de sa vie.

Certaines thérapies complémentaires sensées aider le patient à sortir de sa léthargie et lui permettre de voir les choses différemment ne fonctionnent pas mieux, et le malade continue de squatter son canapé en remettant toute action au lendemain... qui n'arrive jamais.

Je connais ces mécanismes, j'y suis confrontée régulièrement au cours de l'année, plus ou moins violemment selon les années. J'arrive souvent toute seule à me sortir de cet état de larve, sans médicaments et sans thérapies dites "officielles", mais je replonge bien souvent. Mes projets naissent et voient le jour mais lorsque j'arrive à les mener à bien plusieurs mois d'affilé, c'est un exploit.

Le coloriage pourrait il m'aider à avoir plus confiance en moi ? Contrairement à ce que prétendent certains art-thérapeutes, j'en doute fortement. Mais si ça fonctionne chez d'autres personnes, c'est toujours bon à prendre.

Je ne m'exprimerais pas davantage sur l'art-thérapie...

En ce qui me concerne, je me contente de mes deux ou trois coloriages quotidiens, souvent le soir lorsque les enfants sont couchés et ça convient très bien comme ça. Créer, je sais faire, c'est le leitmotiv de ma vie. Je pense que mon cerveau ne fonctionne plus à la récompense depuis longtemps !

Et donc vive le coloriage !

En tant qu'adulte, le coloriage peut nous apporter un certain nombre de réconforts. Bien sûr, on est loin du temps où, enfant, on ramenait victorieusement un splendide dessin à la maison, que l'on offrait presque religieusement à sa maman ou à son papa pour une occasion bien spéciale, et que l'on considérait comme le plus beau cadeau du monde.

Mais si "s'offrir" un coloriage revenait à la même chose finalement ? S'offrir le plus beau cadeau du monde, un beau coloriage vivant et vibrant, dans lequel on aura mis plein de bons sentiments, pour se l'offrir à soi même, comme étant le plus beau parce que "c'est moi qui l'ai fait"...

Les arts manuels ont toujours eu et ont toujours une grande place dans ma vie, même si à aujourd'hui, je ne peins plus. Ils m'ont aidée tout au long de mon enfance et de mon adolescence à supporter ce que j'avais du mal à gérer. La peinture, qui restera ma chouchoute, m'a aidée à tenir le coup quand ça n'allait pas ou que je ne trouvais pas ma voie.

Alors je pense vraiment que le coloriage, même si pour moi, à mes yeux, il reste plutôt basique et facile d'accès, peut apporter de belles solutions à certains de nos problèmes existentiels contemporains.

Le coloriage, ça devrait être remboursé par la sécurité sociale !

Amicalement,

Isa