ou l'Art de s'emmêler les pinceaux entre Atelier et Vie de famille
4 Juin 2021
Aujourd'hui, je m'interroge, une fois encore, sur les diktats imposés par notre société actuelle.
Et oui, mon côté sociopathe me fait parfois des misères, notamment lorsqu'il me faut interagir avec mes semblables et que cela est une véritable souffrance, surtout lorsqu'ils me renvoient à la figure ma bizarrerie et mon manque de sociabilité, me faisant bien comprendre au passage que je suis limite... un monstre de foire.
Lorsque cela m'arrive, je me remets toujours en question, en essayant non pas de lutter contre moi même (c'est encore beaucoup plus douloureux que le rejet des autres) mais en essayant de ME comprendre un peu plus, de percer les mystères de MON cerveau.
Mes recherches m'entrainent parfois bien loin, surtout si on considère l'endroit d'où je pars. La simple mère de famille que je suis, qui n'a pas vraiment fait d'études psychologiques ou neurologiques, a parfois un peu de mal à démêler ses neurones pour capter les informations.
Je me demande très souvent "pourquoi". Pire qu'une gosse ! Vous savez, le gamin de la pub "Intermarché" ? Il y a des jours, je pourrais être sa mère. Sans parler du fait qu'il a deux ou trois frangins/frangines qui l'attendent chez moi !
Mais autant pour un enfant en pleine construction, il est normal de poser autant de questions, autant chez une adulte comme moi, ça fait déjà plus tâche dans le paysage.
Qu'importe ! Google est mon meilleur pote, même s'il a tendance bien trop souvent à "blablatérer" pour ne rien dire et qu'il faut souvent tirer le vrai du faux de tout ce bazar, j'y trouve bien souvent les réponses à mes questions les plus basiques.
Du moins, si on considère que, s'interroger sur la forme de son cerveau relève bien de l'ordre du basique !
Personnellement, je me demande souvent en ce moment "qu'est ce qui fait courir mes semblables ?".
Au sens propre comme au figuré.
Depuis que nous vivons en pleine pandémie, soit depuis plus d'un an déjà, je constate (et pas que moi, les chiffres officiels aussi !) que tout le monde s'est mis... à courir. Plus ou moins vite selon ses capacités, mais ça reste le même sport : marcher, toujours plus loin, ou courir, toujours plus vite. Certains s'y sont mis pour la première fois, parce qu'ils n'avaient pas d'autre choix pour "sortir faire du sport", vu que toutes les infrastructures étaient fermées, et d'autres s'y sont remis, parce qu'ils avaient plus de temps, vu qu'ils étaient en télétravail ou au chômage, et qu'une fois encore, il fallait "sortir à tout prix".
Le sport et moi, on est fâchés, et ce depuis très très longtemps. Le seul que je consente à faire, et avec un plaisir indescriptible s'il vous plaît (histoire que vous n'alliez pas croire que RIEN ne me fait jamais plaisir...), c'est la natation. Mais je suis très exigeante. Je rêve d'avoir MA piscine, pour enchaîner les longueurs sans avoir à me battre avec la moitié de la planète qui aura décidé elle aussi, forcément, de venir à la piscine le seul jour de l'année où moi, j'aurai pu me libérer un peu de temps pour y aller également... Alors je n'y vais pas souvent. J'arrive à me libérer du temps pendant la semaine de vacances que nous prenons en été, et pour laquelle je privilégie toujours une location avec piscine ET plage. Car j'aime autant la mer ou l'océan que l'eau douce.
Cette année, il n'y aura pas de vacances pour nous. Entre les chiffres sanitaires qui, à nos yeux, ne sont pas bons du tout et promettent avant tout une catastrophe organisée avant même la fin août, et notre fils n°2 qui part de la maison pour ses études, nous avons fait le choix de garder notre petit budget habituellement dévolu aux vacances pour "faire face" dans les mois à venir.
Si tout va bien, je pourrais peut être installer notre piscine hors sol. Elle nous coûte une fortune en eau mais nous apporte également beaucoup de plaisir et de relaxation, donc je pense compenser de cette manière. Et elle est suffisamment grande pour me permettre d'y faire quelques longueurs, dans le calme et la sérénité que j'apprécie tant.
Tout ça pour dire que, malgré le fait que j'apprécie énormément nager, je n'en fais pas tout un plat si je ne peux pas aller à la plage.
Et il n'y a pas que le sport qui me laisse de marbre : les gadgets à la mode, les vêtements, les sorties, les étalages de richesse en tout genre, les copines, les voyages... Tous les gens autour de moi semblent fonctionner "à fond". Lorsqu'ils ont une envie, elle se transforme bien souvent en passion, avec en arrière fond ce sentiment dérangeant que "la vie est trop courte, profitons en vite".
Pourquoi je ne fonctionne pas de cette manière ?
Les trucs qui me font "kiffer", j'ai appris aussi que je pouvais m'en passer. Parfois c'est difficile et la frustration se fait sentir, mais rarement avant plusieurs mois, voire années. Oui, je suis particulièrement résistante.
Je ne supporte plus le comportement des "autres". Qui, sous prétexte d'avoir "leur dose", de n'importe quoi, ne respectent plus rien ni personne. Par exemple, pendant que je vous écris, à 8 h 10 du matin, un gamin sur le terrain de basket sous ma fenêtre s'adonne à son "sport favori" avant de partir à l'école, juste à côté. Il fait un boucan monstrueux et me fracasse les tympans, en plus de ses camarades qui eux vont en classe mais en hurlant, parce qu'il ne peut certainement pas attendre d'être à ce soir pour jouer au ballon et qu'il est absolument INDISPENSABLE de faire quelques passes avant d'aller s'enfermer en classe où il devra écouter, travailler, ne pas bouger et mon Dieu ! Que c'est insoutenable, ce genre de vie...
Des exemples comme celui ci, j'en ai des milliers... Sans oublier que la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres... Et aussi, "ne fais pas à autrui ce que tu n'aimerais pas que l'on te fasse"... Celui là, de dicton, il a du plomb dans l'aile d'après moi. En passe de devenir un anachronisme...
Si je peux me passer de certaines choses, qui pourtant, m'apportent du plaisir et de la satisfaction, comment se fait il que les autres n'y parviennent pas ? Se faire plaisir, quelque soit l'heure ou le moment, semble être LA tendance actuelle.
Il semblerait que tout vienne de notre cerveau de mammifère. Un des principes majeurs de la chose, c'est que notre cerveau cherche en permanence l'équilibre entre notre condition interne et le milieu externe. Par exemple, si vous avez chaud, notre cerveau compense et envoie au bon endroit les bonnes informations pour tenter de faire baisser la température. Selon l'origine de la cause, les réponses ne seront pas les mêmes. Ce mécanisme d'adaptation s'appelle "l'homéostasie".
Pour maintenir cet équilibre, le cerveau utilise les neurones, qui utilisent eux mêmes des messagers, appelés neurotransmetteurs. Ce sont ces machins qui circulent dans notre cerveau, allant d'un neurone à l'autre pour transmettre leur "message" en fonction des besoins vitaux. Je vous la fais courte, je ne suis pas neuropsychiatre non plus et des spécialistes l'expliquent bien mieux que je ne saurais le faire.
En général, le cerveau assure plutôt bien. Parfois, il y a un léger dysfonctionnement mais qui rentre bien souvent rapidement dans l'ordre, après un coup de chaud, une grosse colère ou une déprime passagère (ça, c'est du moi tout craché !).
Là où ça part en cacahouètes, c'est lorsqu'on commence à vouloir palier ces légers dysfonctionnements en pensant que notre cerveau n'a pas les capacités pour gérer et qu'on ingurgite toutes sortes de cochonneries pour retrouver plus rapidement un état "moins émotif".
Notre cerveau trouvera toujours la capacité de s'adapter (ce truc est brillant !) mais pas sans en payer les frais. Ceux de l'addiction. Il ne pourra plus fonctionner correctement si l'additif en question n'est pas présent dans l'organisme. Et selon la nature de cet additif, il en faudra toujours plus pour apaiser l'organisme...
En résumé, l'être humain adore les récompenses. Toute sa vie, il va fonctionner à coup de "carottes" pour avancer. Le plaisir que procure la récompense est lié à la production d'une hormone dans notre petite tête, j'ai nommé la dopamine, que tout le monde connait sous le nom de "hormone du plaisir".
Cette hormone est produite par notre cerveau en quantité plutôt normale chez la plupart des êtres humains. Moi en tout cas, ça fonctionne comme ça dans ma tête. Je ne "tourne" pas à l'addiction et je n'ai pas besoin d'une "dose" pour avoir du plaisir et surtout, je ne cherche pas en permanence à produire de la dopamine.
J'ai commencé à y voir plus clair à ce stade là. Et je suis arrivée à la conclusion que, non, je n'étais pas "anormale". Ce n'est pas parce que je ne mets pas "toutes mes tripes" dans une activité, que je ne suis pas normale, bien au contraire.
Je dirais plutôt que je dose parfaitement mon énergie. J'estime que, courir pendant des heures sans but ni besoins, ça n'a pas de sens. De la même manière que, jouer avec sa vie et consommer des drogues, de l'alcool ou du tabac n'a pas plus de sens à mes yeux. En plus, donner de l'argent que je n'ai pas forcément à un sale individu qui en profitera à ma place, c'est encore plus dénuer de bon sens !
Dans la même veine, je ne vois pas le plaisir à avoir en faisant des longues heures de shopping dans des magasins bondés, où je finis toujours par piquer une crise de claustrophobie et par m'énerver après moi même lorsque je réalise que je me suis laissée gagner par "l'euphorie collective" et surtout, que j'ai acheté des trucs qui ne me vont pas ou dont je n'ai pas l'utilité en fin de compte.
Je crois également que mon système de récompense est plus posé et plus rationnel que la moyenne. Et qu'au final, ce serait presque une preuve de bonne santé mentale. Je n'ai pas besoin d'addiction pour être à peu près heureuse. Et les choses dont j'ai besoin/envie sont des choses vitales à la plupart des individus : avoir un toit sur ma tête qui m'apporte les bienfaits et la sérénité dont j'ai besoin pour avancer dans MA vie, entouré de ma famille qui m'aime et que j'aime profondément, de mes animaux et de la nature qui m'apportent eux aussi plaisir et apaisement.
Le tout avec une tasse de thé !
Je crois aussi que je suis plus "adulte" que la moyenne et que j'ai cessé de me comporter comme une enfant à qui il fallait sans cesse dire "attends un peu ! calme toi ! ça vient !".
Et qu'à aujourd'hui, les adultes qui font notre société, sous prétexte que "c'est dur" (que devraient en penser nos ancêtres qui chassaient les animaux dangereux pour survivre tout juste...) et qu'ils ont droit à "une récompense" ou à un "moment de détente", se comportent ni plus ni moins que comme des enfants impatients et irrespectueux...
Enfin, je pense surtout que je n'ai pas cédé aux appels effrénés de notre société de consommation qui nous fabriquent des besoins soit disant "vitaux" là où il n'y en a aucun. D'où le malaise et le mal être de mes contemporains qui pensent trouver la voie alors qu'ils vont mal et que leur cerveau compense à gros coup de dopamine et d'endorphine toujours plus addictives. Et ce dès leur plus jeune âge...
Notre cerveau a la capacité de mémoire et d'apprentissage. Et pas uniquement pour apprendre à lire ! Tout ce déferlement d'hormone qui procure autant de plaisir à l'individu, c'est agréable. L'être humain en veut toujours plus. Alors il réitère les situations où il a eu autant de plaisir. Chacun y va de "son addiction" favorite. Et pour certains, c'est le sport.
Ah, non, me direz vous ! Le sport, c'est bon pour la santé ! Et bien... pas toujours, voyez vous.
Parfois, quand ça devient "trop", au point de se faire mal mais d'y retourner quand même à chaque fois, c'est qu'il y a un problème quelque part. Et quand on court partout, sans but et pour quoi faire, il y a de quoi se poser des questions, vu de l'extérieur.
Je dis toujours "si encore, on fabriquait de l'électricité ou un truc utile pendant qu'on fait du sport à outrance, pourquoi pas ? Ce serait utile pour la planète, et ce serait une énergie propre (après une bonne douche comme même, hein !)".
Mais non. Le sport, ça ne sert à rien vu de mon point de vue, puisque je n'aime pas ça et que je n'ai même pas de plaisir à regarder les autres en faire. Encore moins en le pratiquant !
Une fois l'attente, puis le plaisir de l'action, vient l'apaisement via la production d'endorphine, une autre hormone du plaisir, qui apporte la sensation de bien être. Tout ça par le biais de neurotransmetteurs spécifiques, une fois encore. On se sent bien, parfaitement en "harmonie avec notre moi profond" (!) et on a qu'une envie : recommencer !
Parce que, le vilain côté des endorphines, c'est qu'il s'agit d'une hormone dite de "renforcement". Qui va provoquer elle aussi une forme d'addiction, quelque part. On a adoré le process, on en veut encore, toujours plus, plus fort, plus intensément.
Et c'est un cercle vicieux.
On se drogue nous mêmes finalement avec nos propres hormones !
De là à dire que je serais une pauvre créature sans hormones, parce que je parviens à contrôler mes addictions et que je sais m'arrêter quand il faut ??? Pourquoi pas. La faute à la ménopause peut être ? Je vous vois venir ! Sauf que je ne suis pas ménopausée, bien au contraire, et que mon taux d'hormones a toujours été au dessus de la moyenne.
Comment je le sais ?
Je vous rappelle que j'ai eu des jumeaux ! Sans aucuns antécédents familiaux. Et l'explication vient de mon médecin. Hyper fertilité, qu'il a dit. Et si c'est pas une histoire d'hormones, je me demande ce que c'est...
Serait ce alors dû à ce que les scientifiques appellent "le phénomène d'aversion", lié lui aussi à la production de dopamine. Pour maintenir le fameux équilibre dans notre organisme, le cerveau dispose d'une sorte de court circuit, un petit bouton "off" qui va inhiber les réactions positives pour "calmer le jeu" lorsqu'on s'emballe un peu trop fort. C'est comme ça qu'on passe du "je kiffe trop" à "j'aime pas".
On appelle ce dispositif "anti-récompense".
Je fabriquerais donc plus de D2 que de D1. Comprenez "dopamine de la récompense" et "dopamine de l'aversion". Pourquoi pas ? Maintenant, d'où proviendrait ce mécanisme ? Là, on n'en sait rien. Le cerveau conserve des secrets encore bien gardés, et il faudra patienter encore un peu avant de savoir pourquoi Isa n'aime pas tel ou tel truc.
Et si mon problème n'était rien d'autre qu'un problème de gestion des émotions... Les gens trop extravertis me mettent mal à l'aise, et de ce fait, m'agace profondément. Je me mets alors spontanément en retrait et j'évite de les fréquenter.
J'ai du mal avec ces personnes qui revendiquent leur liberté à tout crin, au détriment de celle des autres. L'individualisme forcené qui empiète sur mon espace vital, ça me gave.
Trop de rigidité psychologique ? Peut être bien. Mais c'est cette rigueur qui me permet d'avancer dans ma vie et m'empêche de trop me disperser, ce qui est loin d'être gagné, croyez moi. Peut être trop d'hyperactivité aussi. Même si j'ai le sentiment de ne rien faire de mes journées !
Il faut aussi que j'avoue qu'à l'heure d'aujourd'hui, ma vie ne me satisfait pas du tout. Mes rêves ne se sont pas encore concrétisés, et pour certains, je me doute bien qu'ils ne le seront jamais ! Les grandes lignes ne sont pas encore dessinées, et c'est un peu agaçant de constater que, maintenant que je viens d'avoir 50 ans, je n'ai pas vraiment avancé d'un point de vue personnel. Bien sûr, je fais partie de ces mères de famille nombreuse qui se mettent un peu en retrait pour mener à bien l'éducation de leur progéniture, mais quand même. Je trouve le temps long, parfois, jusqu'au moment où je serais plus libre de mes mouvements et plus à même d'atteindre les buts que je me suis fixée.
Mais pas question pour autant de céder à une addiction ou à une autre pour tenir le coup !
Quoi que... une tasse de thé peut être ?
Amicalement,
Isa
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