11 Juin 2021
Le week end dernier, j'ai délaissé mon jardin et mon sécateur pour partir à l'autre bout de la France, direction Strasbourg.
Strasbourg... l'une des plus grandes villes de France, un endroit où on ne s'attendrait pas à trouver une hypersensible heureuse, et pourtant...
Mon fils ainé Théo fait ses étude là-bas, depuis deux ans maintenant. Je devrais plutôt dire "faisait" car si je me suis rendue à Strasbourg le week end dernier, c'était pour l'aider à déménager.
A la rentrée prochaine, Théo ne retournera pas à Strasbourg... Il prendra un avion cette fois-ci, à défaut de X trains, pour se rendre à Bergen, en Norvège, mais je vous en reparlerais plus tard.
Pour l'instant, c'est avec un pincement au coeur que j'ai fait ses cartons dans l'autre sens parce que, bien que le départ de mon fils de la maison lors de sa première rentrée universitaire avait quelque peu provoqué chez moi quelques crises d'angoisse, comme toute maman qui se respecte, j'étais tombée folle amoureuse de cette ville et ce, dès le premier instant passé dans ses rues, lors de notre premier rendez vous pour cause de portes ouvertes à l'université où voulait aller mon fils.
Le départ de ce dernier avait donc été doucement amorti par ce coup de foudre pour une ville que je ne connaissais pas et dont tout le monde me vantait... les défauts !
"Oh, quelle malchance, il fait toujours mauvais à Strasbourg, il gèle à pierre fendre et il y a toujours du brouillard, la météo est pourrie et bon, y'a mieux comme ville universitaire".
On m'avait vantée les mérites de Bordeaux par exemple, ville étudiante et "festive" par excellence : proche de la mer, fiesta à ciel ouvert permanentes, soirées les pieds dans le sable et... combien de chance qu'un étudiant arrive à la fin de son cursus sans encombre ?
Théo aurait pu choisir Bordeaux, en effet, vu le cursus qui l'intéressait. Mais comme il est de loin la personne qui regarde le plus loin possible que je connaisse, il a choisi Strasbourg, pour les suites qu'il pouvait justement donner à ses études. Il visait (et vise toujours en fait) une institut très réputée dans le monde de la recherche aviaire et il devait donc faire son cursus dans l'université partenaire de cette institut.
Alors pourquoi ce déménagement ?
Théo n'abandonne pas du tout son projet, il le peaufine au contraire et l'enrichit avec une année passée à l'étranger. Il en a les moyens et il a obtenu une bourse Erasmus pour continuer ses études dans une université partenaire. Alors, je vous en reparlerais aussi parce que les choses ne sont pas aussi simples qu'elles semblaient l'être et surtout, l'absence d'informations concernant certains points risque d'être compliquée à gérer plus tard.
Il a donc décidé de rendre les clés de son joli petit studio, chèrement acquis par mes soins, au prix de péripéties acrobatiques, et de partir à l'étranger, léger comme l'air, avec juste une valise comme compagne de route.
Nous avons rapatrié ses meubles et ses cartons chez son père où Théo a un appartement rien que pour lui qui l'accueille à chacun de ses retours, et nous préparons maintenant son autre voyage...
En attendant, j'ai eu du mal à quitter cette ville que j'adore, et que j'avais pensé pouvoir apprivoisé encore quelques années, la crise sanitaire m'ayant plus que freinée dans mes envies, comme tout le monde bien sûr.
J'ai fait une dernière tournée dans les quartiers que j'aimais, dont celui de la cathédrale, et au détour d'une ruelle, j'ai fait une magnifique rencontre.
Et c'est cette rencontre que j'aimerais vous conter, une rencontre au fond du jardin, qui a pris des allures de voyage dans un univers parallèle, le temps d'un thé parfumé et inspirant.
Tout avait commencé à Noël, lorsque mon fils Théo déambulait dans les rues de Strasbourg à la recherche du cadeau idéal pour sa maman... Sa maman, c'est moi ! Et il sait que j'aime j'adore le thé et il pourrait bien m'offrir la même chose au cours de toute ma vie que ça resterait ce que je préfère le plus au monde.
Près de la Cathédrale de Strasbourg, il est un petit jardin qui ne sent pas du tout le Métropolitain, mais qui au contraire, embaume l'air de senteurs suaves, comme seules savent en créer les créateurs de grands thés dont je suis une fan inconditionnelle.
Et si vous avez du nez, vous sentirez également une délicieuse odeur de pâtisserie, car on déguste également ici les meilleures madeleines qui soit. Dixit la longue file de patients gourmands qui attendaient ce jour-là devant nous et à qui nous avons demandé si elles étaient aussi exceptionnelles que cela, ces fameuses madeleines.
Elles le sont !
Elles le sont même tellement que, quelques minutes avant la fermeture, le maître de maison, Fred, sortira sur le perron pour dire à la cantonade "il n'y en a plus mais revenez demain !".
Un frisson de dépit et de déception a parcouru la file, et les gens sont partis, dépités, en se promettant de revenir le lendemain, et de bonne heure cette fois-ci.
Alors, de ma petite voix, j'ai demandé au créateur : "Et pour acheter du thé, serait ce encore possible s'il vous plaît ?". Et de brandir l'Iphone de mon Chum en ajoutant : "J'ai profité de l'attente pour faire ma liste, ça ne prendra que quelques minutes...".
Et parce que j'étais déterminée, j'ai enfin ajouté : "Nous sommes venus d'Annecy tout exprès pour avoir l'honneur d'acheter vos créations de thé...".
Malgré nos masques respectifs, un échange de regard, implorant pour le mien, interloqué pour le sien. Le sien, c'est celui de Fred (Robert de son nom). A l'évocation d'Annecy, il est devenu volubile et encore plus charmant que ce qu'il n'est déjà, car Annecy, nous a-t-il confié, c'est sa ville de coeur, la ville lumière où il aime se ressourcer lorsqu'il le peut, avec son compagnon, le réservé pâtissier Laurent (Renaud).
Il a alors demandé aux autres clients s'ils désiraient acheter du thé eux aussi, mais non, tout le monde était là pour les fameuses madeleines. Alors il nous a demandé de patienter quelques minutes, le temps de faire sortir les quelques clients encore attardés dans la petite boutique (on ne peut y rentrer qu'à trois ou quatre, crise sanitaire oblige) puis il nous a fait entrer dans ce lieu enchanteur et il a fermé le rideau derrière nous, signifiant au reste du monde qu'ils étaient fermés pour le jour mais nous, nous étions à l'intérieur du sanctuaire !!!
Je n'ai pas fait la moindre photo, je n'en suis même pas navrée, je n'étais pas en mode "bloggeuse" acharnée, j'ai profité de chaque seconde de cet entretien tout particuliers à mes yeux. Et jamais je n'aurais osé demander à faire des photos ! Il y en a déjà tellement sur le net, vous n'aurez aucun mal à vous faire votre opinion en faisant quelques recherches. Je vous conseille cet article, bien écrit, et qui sonne un peu comme ce que nous a dit Monsieur Fred ce jour là.
L'ambiance m'a impressionnée au plus haut point, étant également une passionnée de l'ère victorienne ainsi que de l'atmosphère british. Je suis allée à Londres lorsque j'étais adolescente, c'était encore au siècle dernier, mais déjà bien trop éloigné de l'époque fascinante de la Reine Victoria. Autant vous dire que ce salon de thé ressemble à mes yeux à une chapelle, un sanctuaire, un lieu de pèlerinage et je suis sortie de là bas avec une merveilleuse énergie, requinquée autant par le lieux que par l'ambiance, et surtout, émerveillée de ma rencontre avec cet homme formidable et pourtant si abordable qu'est Monsieur Fred.
Et je vous dis pas la banane que j'avais en sortant !
Surtout qu'il nous a encore accompagné sur le trottoir, pour laisser ses employés fermer derrière nous car il était bien tard après tout ça, et même s'ils n'en n'ont jamais rien laissé transparaître, il était plus que normal qu'ils terminent leur journée. Et il a encore discuté avec nous de longues minutes, nous posant plein de questions et nous racontant plein d'anecdotes plus drôles les unes que les autres.
J'avais choisi mes thés sur le site internet, pour ne pas faire perdre de temps à la charmante employée qui était là, vu l'heure tardive et le privilège dont nous avions déjà fait l'objet. Mais on m'a proposée quand même de "sentir" si je le souhaitais.
Lorsque Monsieur Fred a appris que nous étions d'Annecy, il nous a demandé si nous connaissions l'ancien maire, Monsieur R., ce à quoi mon mari lui a répondu en souriant que, non seulement il le connaissait bien, mais qu'en plus, il avait été son patron, puisque mon Chum travaille à la mairie d'Annecy. On aurait dit alors que nous faisions partie de la famille !
Et pour concrétiser cette belle rencontre, Monsieur Fred nous a offert un sachet de thé bien particulier, celui qu'il a mis au point pour Monsieur R. justement et qui s'appelle... "Le Gentleman du Lac"...
Chaque thé a un nom poétique et une histoire qui va avec. Comme j'aurai aimé avoir le temps et comme j'aurai aimé fréquenter ce lieu pour poser toutes les questions nécessaires ! Au moins, pour ce thé là, je connais la réponse...
Le père de mon fils était avec nous également. Il a choisi un thé que je lui ai conseillé, puis en souhaitait un deuxième, mais ne parvenait pas à décider lequel. Pour la suite, il faut bien comprendre que mon ex est un fan inconditionnel du cinéma. Que dis-je ? Il n'est pas fan, c'est une encyclopédie vivante à lui seul ! Ses connaissances sur le sujet sont immenses et il est intarissable sur tous les thèmes de cinéma, quels qu'ils soient.
Et là, Monsieur Fred lui dit : "Et que diriez vous d'une promenade à Manhattan, un soir de pluie, en compagnie de Woodie Allen ???".
Bouches ouvertes de toute la compagnie ! Comment savait il ???
Autant vous dire que c'est ce thé là qu'a choisi Olivier...
Je ne sors pas beaucoup. Je dirais même que j'ai une vie d'ermite et que, hormis les responsabilités dûes "à ma charge de maman", je n'ai pas beaucoup d'activités en dehors de la maison. Mais j'ai la chance d'avoir un bon contact quand même et, lorsque je m'aventure au dehors, c'est souvent pour y faire des rencontres hors normes, très atypiques, et parfois extraordinaires, comme ce fut le cas ce jour là.
Ces interactions me rassurent quant à mes compétences à voir le monde différemment de ce que je perçois dans mon quotidien, qui est fait de rage, de frustration, de stress, avec ce sentiment permanent d'injustice lorsque je vois comment les autres se comportent, là, sous mes fenêtres.
Je me dis que je ne dois pas désespérer, que je dois avoir l'envie de partir, de sortir, de voir ailleurs ce qu'il se passe et surtout, de prendre le parti de rencontrer des gens intéressants et intelligents, de vrais êtres humains en somme, et pas de la catégorie des abrutis que je subis chaque jour.
Ce fut un grand moment que je n'oublierais jamais. Et je me fiche de savoir si Monsieur Fred est comme ça avec tout le monde ou bien si l'échange était privilégié et unique.
Pour moi, il l'était, incontestablement.
J'espère juste avoir le bonheur, un jour, de recroiser votre chemin, Monsieur Fred, qui sait ? Peut être sur les bords du lac d'Annecy que vous aimez tant et que je connais moi aussi si bien...
Avec une tasse de thé, bien sûr !
Amicalement,
Isa
PS : j'espère bien aussi avoir la chance, un jour, de retourner à Strasbourg et de pouvoir m'offrir un brunch ou un goûter à l'anglaise dans ce formidable salon de thé qui, à ce jour, reste pour moi le must des salons de thé, et qui est situé 6 rue de la Râpe, à Strasbourg. En attendant, j'ai bien l'intention de passer quelques commandes sur le site internet de la boutique ! Vive le thé !
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